La klassikosphère

Réflexion aporétique : Prenons-nous le temps de donner du sens ?

        L ‘époque dans laquelle nous vivons se donne-t-elle le temps de donner du sens au sens, aux choses, aux phénomènes, à ce qui se passe autour de nous ? Savons-nous seulement prendre encore le temps nécessaire pour expliquer, éclairer, montrer, analyser notre époque et ce qui y a cours ? Voulons-nous prendre au moins le temps de le faire ? J’ai comme l’impression que l’on ne cherche plus à donner sens à ce tourbillon d’images qui se superposent quotidiennement sur nos yeux comme autant de détritus jetés sur la voie publique car impropres à la compréhension. Avons-nous les capacités, les moyens, de recycler ce flot de données ? Nous voulons avancer, agir, progresser tous embarqués dans la frénésie de l’évolution des technologies, des idées, des libertés individuelles, d’une économie incontrôlable…De la matière première à penser nous en regorgeons, elle déborde de nos outils de communication, et nos écrans tactiles en déversent des tonnes chaque jours dans nos salons et au bureau. Ces informations de tous genres forment une terre, un univers à part entière. Elle sont les ressources inépuisables de la blogosphère. Mais toutes ces informations que nous captons, recevons, archivons puis jetons finalement, prenons nous le temps de les comprendre, les assimiler, les critiquer ou les faire siennes ? Ce magma médiatique que devient-il au final ? Une bouillie mal digérée qui finira à la poubelle de nos ordinateurs, de sorte qu’au même titre que nos déchets ménagers le rebus de notre information finit par polluer notre espace, notre mémoire, nos idées.

       Le temps de faire du tri sélectif informationnel ne serait-il pas venu ? Sans cet effort qui demande un travail sur l’information reçue nous n’aurions qu’un tas de mots restant à l’état brut, insignifiant. Creusons cette mine d’information dans notre monde hyper-connecté et sachons en extraire les pépites cachées, faisons de la prospection, de l’investigation. Soyez des Mineurs d’idées ! Un nouveau concept, une idée géniale, un nouvel état d’esprit, une tendance durable pour une fois, une nouvelle révolution esthétique, artistique ou architecturale, un système novateur, une réelle avancée scientifique, que sais-je encore. Quelle instance pourrait se charger d’ordonnancer ce chaos informationnel ? Un ministère de l'information et des données numériques par exemple.

       Il y en a peut-être trop et je perds peut-être pieds, je me noie dans le flux incessant des informations qui m’emportent sans même que je puisse apercevoir les berges de ce puissant torrent, ne sachant où m’accrocher, emporté par les ondes. Des flots de slides coulent sur nos écrans aux cristaux liquides pour finir dans le fleuve de l’indifférence et de l’ignorance globalisée, le fleuve de l’oubli, le Léthé 3.0. Paradoxalement nous voyons tout mais ne savons rien. Une forme d’ubiquité ignorante s’est emparée du monde digital.

       Le web est vaste et profond, libre à nous de naviguer sur les flots de l’information. Libre aux audacieux plongeurs de percer les mystères des abysses binaires et remonter à la surface de nos écrans une de ces épaves coulées trop tôt comme une perle de l’océan.